Mise en scène musicale du pouvoir

L’Ancien Régime illustre particulièrement bien comment la musique est utilisée par le pouvoir politique à l’occasion d’événements festifs rassemblant la population, tels que les entrées solennelles, mariages ou funérailles royaux, qui supposent toute une mise en scène et la construction de décors parfois monumentaux quoique éphémères. Quelle que soit l’époque, ces diverses représentations rendent compte de la place importante de la musique dans ces contextes et évoquent les effets qui étaient attendus d’elle, parmi lesquels la monstration des gestes instrumentaux participent de l’esthétique ou de la solennisation de la scène.

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L’entrée à Anvers de François de France

La Joyeuse et magnifique entrée de Monseigneur François... duc de Brabant, d'Anjou... en sa... ville d'Anvers. Anvers, Christophe Plantin, 1582. [FOL W 335 INV 484 RES]. 

En 1582, le célèbre imprimeur Christophe Plantin (1520-1589) relate dans ce livre l’entrée à Anvers de François d’Anjou, frère d’Henri III et prince des Pays-Bas. La planche 20 montre le faste des chars créés pour l’occasion : à gauche, Apollon muni d’un violon trône sur le Mont Parnasse, à ses pieds les neuf muses l’accompagnent de divers instruments. À droite, au bas d’un rocher moussu couvert d’arbres secs, les Furies rageuses reculent vers l’entrée des Enfers.

 

Célébration en musique de l'entrée d’Henri II à Rouen

C'est la déduction du sumptueux ordre, plaisantz spectacles et magnifiques théâtres dressés et exhibés par les citoiens de Rouen... à la sacrée Majesté du... Roy... Henry second... et à... ma Dame Katherine de Médicis... son épouse lors de leur... advènement en icelle ville... es jours... premier et second... d'octobre Mil cinq cens cinquante... Rouen, Robert Le Hoy, Robert et Jehan dictz du Gord, 1551. [4 L 495 INV 294 RES (P.3)]. 

L’entrée d’Henri II à Rouen le 1er octobre 1550 donne lieu à un cortège suivi d’un spectacle. Après le roi et sa suite, défilent les habitants de la ville, puis des figures allégoriques. La gravure montre la part que prend la musique à ces parades royales : six musiciens richement vêtus, brandissant flûtes, bombardes, trompettes ou cornets à bouquin, précèdent la déesse romaine Flora accompagnée de ses nymphes.

 

Cortège de musiciens lors de la pompe funèbre de Charles Quint

VAN DOETECHUM d’après H. COCK, La Magnifique et sumptueuse pompe funèbre faite aus obsèques et funérailles du tresgrand et tresvictorieus empereur Charles cinquième... Anvers, C. Plantin, 1559. Gravures sur cuivre coloriées. [FOL W 348 INV 501 RES (P.1)]. 

Des musiciens en tenue de deuil accompagnent, de leurs trompettes aux armes impériales, le cénotaphe de Charles-Quint lors du fastueux cortège funéraire organisé à Bruxelles en décembre 1558 par Philippe II à la gloire de son père. N’autorisant que des sons émis par une colonne d’air fixe, la trompette naturelle se prête tout particulièrement aux marches et aux fanfares.

 

Un opéra-comique républicain

Sylvain MARECHAL, André-Modeste GRETRY, La fête de la raison. Paris, C.-F. Patris, an deuxième de la République [1793]. [8 Z 5853 INV 8964 RES]. 

Lors de la Révolution, l’administration de l’Opéra cherche à se doter d’un répertoire « républicain » et patriotique. André-Modeste Grétry (1741-1813) compose en 1793 l’opéra intitulé La fête de la Raison, sur un livret du poète et pamphlétaire athée Sylvain Maréchal, qui se réfère au culte de la Raison inspiré par Jacques-René Hébert. L’œuvre sera finalement représentée sous le titre La rosière républicaine.

 

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